Au cours de mes escapades en Bourgogne du sud, je suis tombée sur une maison bien peu ordinaire. Entre Chalon et Dole, dans le petit village de Damerey, une demeure se fait remarquer par son originalité, ses couleurs et son style unique.
Derrière cette œuvre hors du commun, on trouve Roger Mercier, un ancien officier de marine blessé au combat qui, après avoir traversé le globe, retourne dans sa région natale. Il s’installe alors chez Manuela Alonso qui possède une ferme. En contrepartie de l’hébergement dans une aile, il entreprend des travaux de rénovation, en y ajoutant sa « petite » touche. Il fait tout lui-même, à la seule force de ses bras, et travaille le béton comme personne. Roger Mercier n’a aucune connaissance en sculpture mais il façonne malgré tout, en béton toujours, des animaux, des visages, la nature… il laisse parler son imagination, qui l’emmène en Castille (la patrie de Manuela Alonso) et en Bresse (ses origines). Il s’inspire également de ses nombreux voyages et des différents styles qu’il a pu rencontrer et peuple ainsi l’extérieur de la maison de perroquets, d’aigles, de lions, de zèbres, de kangourous, de chevaux… Le château Bresse et Castille compte une cinquantaine de statues en béton (hommes et animaux). Roger Mercier a même érigé une immense tour de 22 mètres de haut, sans grue ni échafaudage.
Ce bâtiment inclassable, qu’il plaise ou questionne, a été classé monument historique, au même titre qu’une église ou une abbaye. S’il peut évidemment faire penser au Palais idéal du Facteur Cheval (Hauterives), ce château d’un autre genre se classe dans le courant de l’art brut. Ce mouvement artistique, défini par Jean Dubuffet en 1945, regroupe des artistes autodidactes qui ont imaginé des œuvres tout à fait singulières, sans forcément les conscientiser. Sans formation et avec une économie de moyen, parfois déficients mentaux, les artistes de l’art brut sont tous différents : il existe autant de styles que d’artistes.
Si vous passez par Damerey, n’hésitez pas à vous arrêter quelques minutes pour admirer le travail de Roger Mercier. En prenant soin malgré tout de ne pas déranger les occupants et de vous garer quelques mètres plus loin. Les bâtiments ne se visitent pas mais s’admirent sans problème de l’extérieur (sur le devant et le côté de la maison).
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